Lagerfeld, hommage

On en a parlé un peu partout en Europe et plus largement dans le monde cette semaine, le grand Karl, s’est éteint ce mardi 19 février. 

On le disait affaibli ces derniers temps. Le 22 janvier dernier il brillait de son absence au défilé Chanel. Etrange puisqu’il n’avait jamais manqué un seul salut final depuis qu’il avait pris la tête de la maison en 1983. Mais on était loin de penser à sa disparition. Il faut dire qu’on le croyait immortel, lui qui s’était employé toute sa vie à entretenir son propre mythe en refusant de donner son âge et en dissimulant les signes du temps derrière ses lunettes noires, ses cols montants et ses mitaines. 

Finalement on avait presque oublié que derrière cette silhouette signature se cachait un homme. 

Une silhouette signature, car son allure était devenue sa marque de fabrique, le logo de sa marque éponyme : Karl Lagerfeld. Un homme certes, mais avant tout un génie. C’est lui qui a ré-inventé la façon de « faire la mode », en faisant de ses défilés des show grandioses et de ses mannequins, des stars. 

C’est lui qui en a changé les codes en dépoussiérant la femme Chanel, en flairant les tendances sans pour autant chercher l’avant-garde, en faisant de la mode quelque chose de vivant. D’ailleurs il le disait lui-même : « la mode est une question qui se repose tout le temps et à laquelle il n’y a pas de réponse ». D’où sans doute son obsession pour la création, en quête permanente de renouveau. 

Bon, outre ses créations Karl Lagerfeld était aussi connu pour sa personnalité excentrique et ses phrases grinçantes…

Des phrases qui lui ont valut d’être catalogué et relégué au premier rang du snobisme. C’est vrai que Monsieur Lagerfeld avait le sens de la formule et ses propos choquaient parfois. 

Mais il n’en restait pas moins drôle.

C’est à lui qu’on doit par exemple la définition 2.0 du gilet jaune : « c’est moche, c’est jaune, ça ne va avec rien mais ça peut vous sauver la vie ». 

Une vision bien à lui, un total détachement des choses et de sa propre personne, Karl était passé maître dans l’art de l’auto-dérision en créant une poupée à son effigie, motif de nombreuses collections. Preuve qu’il ne se prenait peut-être pas autant au sérieux que ça. 

Sa disparition est une immense perte pour le monde artistique en général puisque Karl n’était pas que couturier, il était aussi designer, photographe, illustrateur et réalisateur. Un touche à tout passionné d’art et de culture. Il possédait l’une des plus grandes collections privées de livre au monde. Près de 300 000 livres dans sa bibliothèque. 

Et puis Karl c’était la parfaite illustration de l’Europe : un artiste allemands, qui oeuvre pour Chanel en France et pour Fendi en Italie… Je crois que tout est dit !

Euro-trend / La matinale d’Euradio / 21 février 2019