Le jean de la discorde

Aujourd’hui dans Euro-trend, on parle du jean de la discorde entre l’Europe et les Etats-Unis.

Le jean, c’est LE produit le plus consommé de l’industrie de la mode. Chaque année, il s’en vendrait plus de 2 milliards dans le monde, soit 73 toutes les minutes. Un chiffre complètement invraisemblable qui pourtant s’explique.

Alors que les pays développés voient aujourd’hui le jean comme quelque chose d’esthétique, choisi en fonction de critères définis par la mode, ils oublient qu’à la base, le jean est un vêtement de travail, apprécié pour ses propriétés résistantes. 

Si la mode était un jeu de carte, le jean en serait le joker. Un jean, c’est un intemporel qui se porte en toutes circonstances, ou presque et c’est aussi et surtout un vêtement qui se porte indifféremment de l’origine, de l’âge ou du milieu social de la personne qui le porte. 

Une success-story dont les Américains et les Européens se disputent l’origine. 

Le jean, ou le plus gros désaccord de l’histoire de la fashion-diplomatie

À la base, le « jean » c’est avant tout un tissu originaire de la ville de Gênes, très utilisé dès le 16e siècle dans la marine, pour confectionner les voiles des navires et les tenues des matelots. 

Mais très vite, la qualité du tissu est améliorée, notamment par des tisserands nîmois pour en faire une toile de coton épaisse et colorée en bleu pour la rendre moins salissante. 

D’où le mot « jean », qui n’est autre que la prononciation écorchée du mot Gênes, la ville italienne. Avec l’accent américain, « Gênes » est devenu « jean ».

D’où aussi le mot « denim », l’autre nom du jean qui vient là aussi de la ville de Nîmes, en France. 

Par extension, le « jean » c’est devenu ce pantalon emblématique né de la plus importante collaboration mode de l’histoire. Une collaboration entre Jacob Davis et Levi Strauss, qui souhaitent créer à la fin du 19e siècle un vêtement robuste capable de répondre aux exigences d’une clientèle de travailleurs, les chercheurs d’or et les bûcherons en tête. 

Bref si on résume le jean et le denim sont des toiles européennes, mais le jean dans sa version pantalon est l’oeuvre des américains. 

Et aujourd’hui le jean continue de diviser de part et d’autre de l’Atlantique.

Il suffit de penser à la guerre commerciale euro-américaine déclarée en 2018, avec l’administration Trump qui a voulu imposer une surtaxe sur l’acier et l’aluminium européens. 

En réponse l’Union européenne avait annoncé à son tour la mise en place de taxes sur des produits américains symboliques, les jeans en tête. 

Ironie du sort, ces mesures ne sont censées s’appliquer qu’aux produits véritablement fabriqués aux États-Unis, et avec la mondialisation, beaucoup de jeans de marque américaine échappent donc aux taxes puisqu’ils sont fabriqués ailleurs dans le monde. 

D’autant que les jeans américains sont de plus en plus « boudés » des européens. 

Sur le marché du jean, les créateurs européens font de plus en plus concurrence aux griffes américaines traditionnelles en proposant des jeans plus raffinés, plus écolos, et donc plus en phase avec la demande européenne. 

Euro-trend / La matinale d’Euradio / 14 février 2019

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