Manteau mon amour

Comme de nombreuses petites filles, je détestait mettre mon manteau. Engoncée dans ma petite doudoune rouge – au demeurant très belle- je profitais de chaque occasion pour l’enlever. Libre de mes mouvements, je pouvais ainsi gambader à ma guise dans le jardin ou la cour de récré. 

Déjà très coquette à l’époque, le manteau était pour moi le synonyme de l’inconfort. Il était aussi et surtout l’antonyme de l’esthétique. Il gâchais chacune de mes tenues en les dissimulant derrière un duvet XXL qui me faisait plus dodue que je ne l’étais. 

Avec le temps, j’ai compris que le manteau n’était pas un ennemi et qu’il remplissait bien plus qu’un rôle fonctionnel. En plus de nous protéger du froid, il révèle tout son potentiel mode lorsqu’il vient compléter un look. 

Le manteau est une pièce à part entière. Il homogénéise un tout ou décale un ensemble. Il dicte une posture : nonchalante avec un bomber, cosy avec un teddy bear-coat, solennelle avec un caban. Il donne en quelque sorte la température de notre humeur et aboutit notre silhouette.

Une prise de conscience née à l’époque où je regardait le Diable s’habille en Prada toutes les semaines. Chacune des scènes du film dévoile avec beaucoup de goût les combinaisons stylistiques gagnantes en la matière. Courts ou longs, colorés, neutres, classiques, chevelus… Les manteaux font partie du décor et embellissent chacun des personnages. 

C’est là que j’ai compris l’enjeux. Le manteau est aux fashionistas ce que la cape était aux chevaliers : un apparat qui souligne un style et anobli l’allure.